DOCUMENTER UN CIMETIÈRE

Pourquoi documenter un cimetière et ses monuments funéraires

Cet exercice permet de dégager la valeur historique, patrimoniale, artistique, architecturale, symbolique et généalogique du lieu et des monuments qui s’y trouvent et d’en garder une trace pour les générations futures.

Outils pour documenter un cimetière et/ou un monument funéraire

Pierres mémorables a développé une méthode simple et peu coûteuse pour documenter un cimetière et ses monuments à l’intention des individus, associations, regroupements et municipalités qui souhaiteraient documenter le cimetière de leur territoire. Cette méthode a été expérimentée lors d’un travail de recherche effectué dans les cimetières-jardins Saint-Charles et Belmont, situés tous deux dans la ville de Québec. Les résultats de la recherche effectuée dans le cadre d’une entente avec la ville et le ministère de la culture et des communications sont disponibles sur le Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

Utilisez la fiche de documentation d’un cimetière et la fiche de documentation d’un monument funéraire que Pierres mémorables met à votre disposition gracieusement ! L’acquisition du logiciel FileMaker peut faciliter le travail de saisie des données, mais il n’est pas nécessaire. Pour en savoir plus sur ce logiciel programmé, n’hésitez pas à communiquer par courriel avec la personne responsable : [email protected].

Guide pour préserver son cimetière

Voici également un Guide pour préserver son cimetière que vous pouvez imprimer. Il a été créé par France Rémillard du Centre de conservation du Québec en juillet 2014.

Exemples éloquents de valorisation des cimetières

Réalisations contribuant à la connaissance du patrimoine funéraire des cimetières et des monuments de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches :

  • Travaux de restauration municipale du cimetière Saint-Matthew par la Ville de Québec et le développement d’une application gratuite à télécharger pour se faire raconter par l’historien réputé David Mendel l’histoire du lieu (6 000 à 10 000 hommes, femmes et enfants qui y furent inhumés de 1772 à 1860).
  • Inventaire des cimetières-jardins Notre-Dame-de-Belmont et Saint-Charles réalisé par Pierres mémorables et déposé dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec dont voici quelques extraits :

Monument familial Télesphore Simard

Simard est une pierre tumulaire verticale, tout en granit rose saumoné, qui repose sur un premier socle mesurant 75,5 cm de largeur par 75,5 cm de longueur et d’une hauteur de 45 cm. Ce socle est de pierre calcaire bouchardée, selon France Rémillard. Selon les transcriptions, la première femme du maire Télesphore Simard, Rosalie Deschênes, est morte le 19 février 1915 à l’âge de 36 ans et 1 mois. Six de leurs enfants sont morts en bas âge, entre 1905 et 1911. Sa deuxième femme, Marie-Jeanne Forgues, est morte le 26 octobre 1935 à l’âge de 46 ans. Deux de leurs enfants sont aussi morts en bas âge, une fille à l’âge de 6 ans et un garçon à l’âge de 4 ans. Dans les rares notes biographiques concernant la vie du maire Télesphore Simard, ce phénomène n’est pas noté. Les écritures épigraphiques sur le monument funéraire laissent donc des traces historiques précieuses sur la mortalité maternelle et infantile de l’époque.

Monument des orphelines de l’Hospice Saint-Charles

Cette stèle verticale d’une rare beauté, en granit rose pale, commémore 30 fillettes âgées entre 4 et 11 ans et une jeune fille de 16 ans décédées dans un incendie à l’Hospice Saint-Charles en basse-ville de Québec le 14 décembre 1927. Son médaillon de bronze arbore les armoiries de la Cité de Québec entre 1833 et 1949. En 1833, la Cité de Québec a eu recours au peintre Joseph Légaré, aussi conseiller municipal, pour les dessiner. Elles présentent la déesse Sterna, déesse de l’activité et du travail. On y lit la devise « Natura Fortis IndustriaCrescit » (Fortifiée par la nature, elle croît par le travail). Daniel COGNÉ (1989), membre associé de l’Académie internationale d’héraldique, décrit un sceau de la Ville de Québec comportant ces armoiries. Le sceau avait été apposé sur un envoi officiel fait par Napoléon III en 1855 au Canada. Selon lui, la déesse du travail et de l’activité est assise près d’une ruche et d’épis de maïs et montre de la main gauche le cap Diamant et le port de Québec. Sur le rivage, un castor, emblème du Canada, complète la scène. Sur le bouclier ovale tenu par la main droite de la femme, apparaissent des armoiries blasonnées ainsi : « De gueules au lion passant tenant dans sa patte dextre une clé d’or » qui ressemblent beaucoup à celles accordées au diocèse anglican de Québec par le roi George III en 1793. Pour l’auteur, le symbolisme est évident : le lion anglais tient dans sa patte la Ville de Québec, la clé du Canada.

Monument familial Henri-Edgar Lavigueur

Lavigueur est une stèle dont la face principale est en granit noir poli, à travers lequel on voit luire le mica, alors que les côtés et l’arrière sont en granit noir brut. À la droite de cette stèle, il y a une plaque au sol gravée d’une lyre. Henri-Edgard Lavigueur était le fils de Célestin Lavigueur, décrit par COURNOYER (2001 : 828) comme un « musicien (violoniste, compositeur et pédagogue musical) […] professeur au Petit Séminaire de Québec » et lui-même avait fondé selon PROVENCHER (1971 : 18) « en 1892 la maison Lavigueur & Hutchison, spécialisée dans les instruments de musique ». Ceci explique la présence de la lyre sur la plaque au sol commémorant son frère, son beau-frère et sa soeur.

Au milieu du XIXe siècle, la paroisse Saint-Roch administre trois petits cimetières situés dans la Basse-Ville de Québec, non loin de l’église. En 1854, une loi interdit l’inhumation dans la ville. On pense que le nombre et l’état des cimetières sont en grande partie responsables des épidémies de choléra qui frappent la population. Cette loi permet d’en désaffecter plusieurs et d’ouvrir de nouveaux terrains en banlieue à une distance d’au moins deux milles des limites de la ville.

 

Avec le courant hygiéniste valorisant les bienfaits de la nature et l’influence du romantisme sur les attitudes face à la mort, naît le concept du cimetière-jardin, inspiré du jardin à l’anglaise. Après l’ouverture du cimetière Père-Lachaise à Paris en 1804, toute une génération de cimetières de banlieue, les « rural cemeteries », se répandent aux États-Unis et au Canada. À Québec, le Mount Hermon est inauguré en 1848, suivi du Saint-Charles en 1855. Charles Baillairgé, architecte et ingénieur municipal, dressa les plans du nouveau cimetière Saint-Charles. Il décrira plus tard sa méthode : « … faire un plan du terrain sur une assez grande échelle et y indiquer la position exacte de tous les principaux arbres, etc. puis sur ce plan tracer les sentiers et les lots proposés et retourner ensuite sur le terrain le plan à la main pour y tracer ce qui aurait été d’abord tracé sur le plan. C’est là la seule manière de faire les choses correctement… Je m’y connais un peu en matière de cimetière ayant visité les plus beaux des États-Unis et celui de Greenwood n’est surpassé dans aucune partie du monde… » (AFND, 15 décembre 1857, cité dans Guay, 1991 : 21).

Réalisations contribuant à la connaissance du patrimoine funéraire des cimetières et des monuments d’autres régions :